Alimentation saine et vie bien remplie sont conciliables

23 Janvier 2023 Infos santé

Vite, vite, vite ! Nos vies bien remplies laissent souvent peu de place à une alimentation et à des habitudes de vie saines. Malheureusement, il existe un lien direct entre mauvaises habitudes alimentaires et stress au travail ou burn-out. Des allergies, des maladies cardiovasculaires, le cancer du sein et le cancer du côlon peuvent également y être liés. Nous ne pouvons rien changer à votre rythme de travail. Mais dans notre magazine médical Zennezorg, nous vous donnons quelques conseils pratiques pour concilier travail et alimentation saine. Vous limiterez ainsi les graisses et les sucres rapides. Le Dr Els Vanmarcke, médecin du travail à l'AZ Sint-Maria, et ses collègues du groupe de services RH Liantis, le Dr Anne Walewyns et la conseillère en prévention aspects psychosociaux Clélia Kestemont, répondent également à quelques questions préoccupantes sur le sujet.

Dans notre société où tout va très vite, avons-nous des habitudes alimentaires perturbées ?

Dr. Els Vanmarcke : Nous voyons de plus en plus d'habitudes alimentaires basées sur des nutriments insuffisants ou, au contraire, trop nombreux. Une alimentation déséquilibrée est aussi plus souvent la règle que l’exception. Les gens se tournent facilement vers des aliments transformés, qui contiennent beaucoup de graisses et de sucres ajoutés.

Clélia Kestemont, conseillère en prévention : En outre, la malnutrition est un concept très large, qui va bien au-delà d'habitudes alimentaires perturbées. Ainsi, nous nous intéressons non seulement à la quantité et à la qualité de l'alimentation, mais aussi aux circonstances de consommation. En effet, pour encourager les gens à retrouver une alimentation équilibrée, nous devons savoir quand ils mangent et comment. Sont-ils pressés, stressés, attentifs à ce qu’ils mangent, mâchent-ils suffisamment… ? Nous tenons également compte d’une plus grande perte de micronutriments par rapport à autrefois. L’épuisement des sols et les nouvelles technologies utilisées dans l’industrie agroalimentaire (pesticides, conservateurs, méthodes de conservation...) entraînent une réduction des vitamines et des minéraux dont nous avons besoin.

Dr. Anne Walewyns : N’oublions pas non plus de mentionner les « maladies de civilisation » liées à l’alimentation, telles que le diabète, le cancer, la polyglobulie essentielle, les allergies, les maladies neurodégénératives, etc. Dans ce contexte, nous constatons aujourd’hui un paradoxe dans notre société. L’augmentation de la pauvreté et le vieillissement de la population devraient normalement entraîner une augmentation de la sous-nutrition. Le contraire se produit pourtant : la prévalence du surpoids, du diabète et de l’obésité augmente de plus en plus. Rien qu’entre 1975 et 2016, le surpoids et l’obésité ont plus que quadruplé chez les enfants et adolescents âgés de 5 à 19 ans ! Le Covid-19 n'a pas amélioré la situation. La pandémie touche non seulement les personnes en surpoids et obèses, mais elle a également un impact négatif sur nos habitudes en matière d'alimentation et d'exercice physique.

Observez-vous un lien entre malnutrition, habitudes de vie et stress ?

Clélia Kestemont, conseillère en prévention : Oui. Le stress est évidemment lié à plusieurs facteurs. Ainsi, les problèmes au travail sont souvent la conséquence d’un manque de personnel, d’un manque de moyens pour résoudre les problèmes, d’un manque de temps… Le corps doit donc littéralement tout donner et s’épuise. En outre, dans certains secteurs (comme le secteur des soins de santé), les travailleurs sont parfois confrontés à des problèmes éthiques ou moraux. Par exemple lorsqu’ils ne peuvent pas faire ce qu’ils voudraient pour un patient. L'impact physiologique au niveau des neurotransmetteurs et de la régulation énergétique ne doit pas être sous-estimé. Une alimentation correcte et saine est dès lors extrêmement importante. Notre cerveau ne représente certes que 2 % de notre poids corporel total, mais il consomme 20 à 30 % de notre énergie. En outre, il a besoin de nutriments spécifiques tels que des sucres lents, de bonnes graisses et des protéines, des vitamines et des minéraux.

Dr. Els Vanmarcke (photo de gauche) : Mais trop souvent, les gens préfèrent les sucres rapides aux sucres lents. Beaucoup commencent le matin, avec un petit-déjeuner sucré. La glycémie augmente dès le début de la journée. De ce fait, trop de sucre arrive dans le sang, ce qui entraîne de la fatigue et provoque déjà une sensation de faim après deux heures. La plupart du temps, ils consomment alors à nouveau des sucres rapides, par exemple un café avec un biscuit. De telles habitudes alimentaires perturbent une bonne régulation énergétique et rendent les gens moins résilients en cas de stress. C'est logique, car en raison de la carence en nutriments essentiels tels que le magnésium, la vitamine B et les oméga 3, l'alimentation ingérée ne peut pas être transformée en énergie utilisable. Conséquence ? Elle s’accumule, entraînant ainsi un surpoids et des pathologies associées.

Selon l'Organisation mondiale de la Santé, 59 % des adultes en Europe sont en surpoids ou obèses. Après les États-Unis, nous dépassons donc toutes les autres régions de l'OMS !

Vous parlez d’une « relation réciproque ». Le stress a-t-il un impact sur nos habitudes alimentaires ?

Clélia Kestemont, conseillère en prévention : Tout à fait. Nous laissons souvent nos émotions guider nos habitudes alimentaires. Cela commence dès l'enfance. Les bonnes performances sont souvent récompensées par une douceur : une glace ou une gaufre. Quelque chose de sucré qui, comme le lait maternel, procure une bonne sensation ou un réconfort. De ce fait, nous avons également tendance, lorsque nous sommes adultes, à nous tourner vers des aliments sucrés après une journée difficile ou lorsque nous sommes énervés ou fatigués. Avouons-le, il est rare de voir quelqu'un grignoter un radis lorsqu'il est stressé. Cette envie de sucré s'explique aussi parfaitement d'un point de vue physiologique. Le sucre favorise l’apport de tryptophane, un acide aminé précurseur de la sérotonine dans notre cerveau. Lorsque notre taux de sérotonine est bas à cause du stress ou d'un manque de certains aliments (ou d’affection), nous sommes donc plus enclins à nous tourner vers des aliments sucrés.

Le stress provoque par ailleurs une perte de nutriments : il augmente la quantité de calcium dans les cellules, ce qui entraîne une diminution du magnésium. Alors que nous en avons justement besoin pour réduire le stress. Conséquence ? Douleurs musculaires, fatigue, encore plus de stress et donc encore plus de calcium dans les cellules. Bref, un cercle vicieux dont il est parfois difficile de sortir.

Le moment où nous mangeons est également important, avez-vous dit. Y a-t-il ici aussi une relation avec le stress ?

Dr. Anne Walewyns : Oui ! Nous parlons ici de « chronobiologie nutritionnelle » : l’organisme doit produire de la dopamine pendant la journée et de la sérotonine en fin d’après-midi ou en début de soirée. Pour cela, il a besoin des bons nutriments aux bons moments. Sinon, il ne peut pas fournir l’énergie nécessaire, ni alimenter les neurotransmetteurs qui, entre autres, luttent contre l’anxiété, nous rendent résistants au stress et améliorent le sommeil. En cas de perturbation de la production de dopamine et de sérotonine également, nous nous retrouvons plus facilement dans un cercle vicieux de fatigue.

Clélia Kestemont, conseillère en prévention : En raison de notre culture et de notre focalisation sur le travail et la carrière (plus la pression qui y est associée), nous avons malheureusement tendance à ne consommer notre repas principal et donc le plus riche en calories que le soir, après une rude journée de travail. Alors que nous en avons surtout besoin le matin et l’après-midi. Chez les personnes qui travaillent la nuit (environ 15 % de la population en Belgique), on constate que cette « anarchie nutritionnelle » est encore plus présente, avec les problèmes de santé physique et psychique qui en découlent.

Le Dr Els Vanmarcke, médecin du travail à l’AZ Sint-Maria

Quelles maladies la malnutrition peut-elle provoquer ?

Dr. Els Vanmarcke : Nous avons déjà évoqué les « maladies de civilisation », notamment liées à l’alimentation : surpoids, diabète de type 2, obésité, syndrome métabolique, maladies cardiovasculaires, immunodépression, vieillissement prématuré généralisé…

Dr. Anne Walewyns : La perturbation de nos habitudes alimentaires et de vie affaiblit notre système immunitaire, de sorte que nous contractons plus facilement des infections. Chaque jour, nous sommes en effet en contact avec des milliers de bactéries, mais heureusement, elles ne nous rendent pas tous les jours malades. Toutefois, quand nous sommes fatigués et plus vulnérables, nous courons plus de risques de contracter un virus qui circule. De très nombreuses autres affections sont également associées à la malnutrition (ndlr : voir encadré ci-dessous). Il s’avère de plus en plus y avoir même une relation avec le TDAH et l'autisme. Enfin, n'oublions pas les conséquences psychosociales de la malnutrition, telles que le fréquent complexe d'infériorité et le sentiment de ne pas être à sa place dans la société ou sur le marché du travail, simplement en raison d'une surcharge pondérale.

Quels conseils donnez-vous pour vivre sainement malgré une vie chargée ?

Clélia Kestemont, conseillère en prévention : Aussi tentant qu'il soit d'aller vite acheter un sandwich garni à midi, notre conseil est d’emporter votre propre repas au travail si aucun plat frais n’y est proposé. Préparez un pique-nique avec du pain gris, une tartinade de légumes, des fruits, des noix, un yaourt... Vous êtes ainsi certain d'avoir un repas digne de ce nom au lieu de graisses vides et de sucres rapides. Le week-end, prévoyez un menu hebdomadaire sain et varié et préparez-le à l'avance. Nous conseillons même d’en faire une activité familiale. Vous convaincrez ainsi vos enfants de l’importance (et du plaisir) d’une alimentation saine. Vous pouvez aussi cuire deux à trois fois par semaine de grandes quantités, afin d'avoir des restes à incorporer dans une salade le lendemain à midi. Idéal pour l’apport de protéines, de graisses saines et de sucres nécessaires en fonction des besoins énergétiques de l'après-midi.

Dr. Els Vanmarcke : Pendant les mois d’hiver froids et sombres, nous devons garder nos réserves de magnésium et de vitamine D sous contrôle. Les personnes âgées et les personnes stressées, en particulier, doivent faire contrôler leurs taux à temps par leur médecin généraliste. Enfin, n’oublions pas de bouger tous les jours ! De préférence en plein air. Dix mille pas par jour ou au moins 30 minutes. La masse musculaire reste ainsi stable et nous brûlons mieux les graisses et les glucides. Dormir suffisamment et régulièrement est aussi important pour notre santé et pour garder le stress sous contrôle.

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5 règles simples pour une alimentation saine :

  • Consommez autant que possible de légumes de couleurs différentes pour un maximum d’antioxydants.
  • Privilégiez les produits bio et locaux de saison.
  • Utilisez de bonnes huiles pour l'apport d'oméga 3 et d'oméga 6 (huile d'olive, de colza, de lin, de soja, etc.).
  • Optez pour des sucres lents (céréales complètes, de préférence avec un minimum de gluten comme l’épeautre, le levain, le quinoa…) et des légumineuses.
  • Remplacez les arômes artificiels et le sel par des plantes aromatiques et des épices supplémentaires.
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