Le dépistage du cancer du sein améliore les chances de survie de 30 %

07 Avril 2022 Infos santé

En 2001, les autorités ont lancé une campagne nationale de dépistage du cancer du sein auprès des femmes âgées de 50 à 69 ans. Cette campagne est toujours en cours et se répète tous les deux ans auprès des femmes qui n’ont pas présenté de symptômes auparavant et qui n’ont pas suivi de traitement du cancer du sein au cours des dix dernières années. Le Dr Laura Dewachter, membre du service de radiologie et spécialisée en mammographie, nous explique à quel point cet examen est approfondi et combien il est important de détecter rapidement les tumeurs mammaires et de les traiter avec efficacité.

Le dépistage du cancer du sein améliore les chances de survie de 30 %

Les chiffres

En Belgique, 11 000 femmes en moyenne reçoivent un diagnostic de cancer du sein chaque année, soit une femme sur neuf. Ce cancer est donc le plus fréquent chez la femme et reste la principale cause de décès dans la tranche d’âge des 40-69 ans. « Le dépistage de masse est donc essentiel », souligne le Dr Dewachter. « Il ne nous permet certes pas de prévenir la maladie, mais nous pouvons ainsi la dépister à un stade précoce, ce qui rend possible un traitement moins lourd et qui épargne davantage le sein. Les résultats parlent d’ailleurs d’eux-mêmes : la moitié des cancers du sein sont détectés grâce à ce dépistage, qui augmente les chances de survie de 25 à 30 % ! »

La mammographie : sûre et fiable

La campagne nationale de dépistage concerne exclusivement les mammographies. « Nous pouvons ainsi détecter de très petites anomalies avant même qu’elles ne provoquent des symptômes », explique le Dr Dewachter. « L’examen dure à peine 15 minutes. Une infirmière technicienne prend deux clichés numériques des deux seins (dans deux directions différentes). Chaque sein est positionné de manière très précise et comprimé entre deux plaques. Cette immobilisation nous permet de prendre des clichés parfaitement nets, avec un minimum de rayonnements.

La patiente peut ensuite rentrer chez elle, sans autre intervention d’un médecin. Deux radiologues agréés (un de notre équipe et un attaché à l’UZ Brussel) évaluent les clichés, indépendamment l’un de l’autre. S’ils arrivent à une conclusion différente, un troisième radiologue examine également les clichés. Deux semaines plus tard, le médecin et la patiente reçoivent le résultat de cette lecture. En cas d’anomalie, la patiente est invitée à un examen plus approfondi (clichés supplémentaires, échographie et, si nécessaire, biopsie).

Contrôles stricts des doses de rayonnements

Le Dr Laura Dewachter, membre du service de radiologie et spécialisée en mammographie

Interrogée sur la volonté de participer au dépistage de masse, le Dr Dewachter répond : « En Flandre, nous constatons que 65 % des femmes âgées de 50 à 69 ans se font dépister de manière préventive, tant dans le cadre du dépistage de masse que de leur propre initiative. Celles qui refusent de se faire dépister le font généralement par peur des rayonnements. C’est regrettable, car les doses de rayonnements font en permanence l’objet de contrôles très stricts. Concrètement, ces doses se situent entre 0,24 et 0,48 mSv (millisievert), soit l’équivalent de 6 semaines à 3 mois de rayonnements naturels sur terre. »

Examen diagnostique

En pratique, notre hôpital réalise chaque jour environ 12 mammographies préventives dans le cadre du dépistage de masse. Par ailleurs, environ 16 examens diagnostiques sont également réalisés chez des patientes qui sont suivies chez nous après le traitement d'un cancer du sein ou qui se présentent à la suite d’une anomalie, de symptômes ou d’une inquiétude après un auto-examen ou un dépistage en dehors du programme de dépistage de masse. À cet égard, le Dr Dewachter insiste sur l'importance de l'auto-examen régulier des seins, même après un dépistage récent. « À la moindre modification de la peau ou de la forme du mamelon, lorsqu'un mamelon est rétracté ou saigne, en présence d'un nodule ou d'un gonflement… il faut contrôler ! », selon le Dr Dewachter. Après l’évaluation d’une mammographie diagnostique, une échographie est pratiquée, si le radiologue l’estime nécessaire.

Nos dernières nouveautés

En 2018, l'AZ Sint-Maria a acquis un nouvel appareil de tomosynthèse très sophistiqué. « Cet appareil nous permet de prendre des clichés en trois dimensions de l’intérieur du sein, entièrement numériques », explique le Dr Dewachter. « Les couches de tissu superposées sont ainsi mieux et plus rapidement visibles, de sorte que les éventuelles anomalies peuvent être détectées plus tôt et plus clairement. C'est particulièrement efficace lorsque le tissu mammaire est dense. En outre, la technique produit moins de faux positifs et de faux négatifs qu’une mammographie 2D ordinaire. » La même technologie 3D est d’ailleurs utilisée lors des biopsies d’anomalies non visibles à l’échographie. Ce nouvel appareil s'est accompagné de la création d'une unité de sénologie distincte, qui permet aux patientes de passer plus facilement au service d’échographie après une mammographie et donc, d'accomplir plus rapidement tout le trajet d’examen.

Vers un dépistage plus personnalisé

Aussi efficace que soit le dépistage actuel du cancer du sein, il traite de la même manière toutes les femmes qui sont invitées à s'y soumettre. Tous les deux ans, mais il n'y a pas deux femmes identiques. En fonction des facteurs génétiques, des antécédents familiaux de cancer ou d'une exposition aux hormones, une femme est plus à risque de développer un cancer du sein qu'une autre. Nous pouvons donc nous demander s'il n'est pas préférable que certaines femmes se fassent dépister tous les ans, tandis que pour d'autres, un dépistage tous les deux ans est peut-être superflu. C’est pourquoi une étude clinique internationale a été lancée afin d'évaluer, avec les connaissances et les instruments précis d’aujourd’hui, une nouvelle stratégie de dépistage. Sous le nom de « MyPeBS » (My Personal Breast Screening), un dépistage personnalisé basé sur le risque est comparé au dépistage standard chez 85 000 femmes âgées de 40 à 70 ans. Une étude prometteuse à laquelle notre pays collabore – par l'intermédiaire de la VUB –, avec la France, Israël, l'Italie, le Royaume-Uni et l'Espagne.

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