Comme nous l'avons déjà dit, la guérison d'une fissure anale peut parfois être difficile, surtout si elle est présente depuis un certain temps. Cela s'explique en partie par une mauvaise irrigation sanguine des tissus à cet endroit. En effet, la douleur provoque souvent une forte tension du muscle sphincter de l'anus, ce qui comprime les petits vaisseaux sanguins. De ce fait, les éléments nécessaires à la guérison ne parviennent pas jusqu’à l’endroit voulu.
Ce cercle vicieux doit donc être brisé, car ce n'est qu'à cette condition que la guérison sera possible. Les différentes possibilités de traitement à l'AZ Sint-Maria Halle se concentrent sur cet aspect. Nous vous expliquons brièvement ci-dessous les différentes options.
1. Traitement conservateur
Il s'agit d'un traitement non chirurgical consistant en une combinaison de ce qui suit :
- Application locale de diltiazem en gel/crème. Ce médicament améliore l'irrigation sanguine locale de la peau de l'anus en détendant quelque peu le muscle sphincter interne. Ce traitement doit être appliqué deux fois par jour pendant au moins six semaines, sans interruption ! Il est à noter que le soulagement de la douleur n'intervient souvent qu'après deux semaines. Le traitement doit être poursuivi même après la disparition de la douleur. Il faut en effet plusieurs semaines pour que la fissure cicatrise. Certains patients se plaignent de maux de tête après l'application de ce produit. Ce problème disparaît en général de manière spontanée, mais un analgésique tel que le paracétamol peut être utile. Si le diltiazem en gel/crème n'est pas disponible en pharmacie, la pommade Rectogesic® peut être envisagée. Ce produit possède une action similaire, mais son coût est plus élevé (environ 56 €, selon le prix du marché). Une pommade magistrale contenant de l’ISDN peut également être utilisée.
- Les selles doivent rester suffisamment molles : alimentation riche en fibres, boire suffisamment (1,5 à 2 litres d'eau par jour), laxatif si nécessaire, par exemple Movicol® ou Molaxole®.
- En cas de douleur très prononcée, un analgésique local (lidocaïne 2 %) peut être appliqué jusqu'à trois fois par jour.
La cicatrisation de la fissure prend plusieurs semaines. Une consultation de contrôle est prévue après environ six semaines pour évaluer le résultat.
2. Botox
Si le traitement conservateur s'avère insuffisant, d'autres options sont envisagées. Le Botox est surtout connu comme traitement antirides. Il agit comme un relaxant musculaire et peut être injecté au niveau du muscle sphincter interne de l'anus. Lorsque celui-ci se détend, la pression au niveau de l'anus diminue juste assez pour que l’irrigation sanguine locale s'améliore et que la fissure puisse cicatriser.
Ce traitement est réalisé au centre chirurgical de jour, sous anesthésie générale ou péridurale de courte durée. Un examen interne, au cours duquel la fissure est éventuellement nettoyée, est également effectué lors de cette intervention. Le traitement dure environ 15 minutes.
En général, la douleur disparaît déjà après une semaine. La cicatrisation proprement dite de la plaie peut prendre d’un à trois mois. Une légère perte de sang peut survenir temporairement. En cas d'effet insuffisant, l’injection de Botox peut être répétée.
Un traitement au Botox ne rend pas incontinent. Environ un patient sur cinq peut avoir un peu plus de mal à retenir ses pets. Le cas échéant, ce n'est que passager ! Une fois que le Botox a disparu, le muscle sphincter fonctionne à nouveau tout à fait normalement.
Même après un traitement au Botox, nous prévoyons de vous revoir à l'AZ Sint-Maria pour une consultation de contrôle après environ six semaines.
Le Botox est donc une très bonne option de traitement, élégante et sans risque à long terme. Il convient toutefois de mentionner que le produit est cher et qu'il n'est pas remboursé. Le coût du Botox est d'environ 200 € (selon le prix du marché).
3. Sphinctérotomie latérale interne (SLI)
Une SLI est parfois proposée uniquement en cas de fissures fortement persistantes malgré un traitement conservateur ou des injections de Botox. Une petite partie du muscle sphincter interne est alors sectionnée sous anesthésie générale ou péridurale de courte durée, en hôpital de jour. La tension disparaît ainsi immédiatement de cette partie du muscle sphincter interne, ce qui entraîne un soulagement rapide de la douleur (déjà après quelques jours), une amélioration de l'irrigation sanguine et permet la cicatrisation de la fissure. Lors de cette intervention, un examen interne est également réalisé et la fissure est éventuellement nettoyée. Ce traitement dure aussi environ 15 minutes.
Même après une SLI, nous prévoyons de vous revoir à l'AZ Sint-Maria pour une consultation de contrôle environ six semaines plus tard.
L'inconvénient de ce traitement est qu'il est irréversible, ce qui signifie que la partie sectionnée du muscle sphincter interne ne retrouve pas son état d'origine. Par conséquent, si la procédure entraînait une incontinence, celle-ci serait permanente. Chez les femmes en particulier, cet inconvénient est une raison d'éviter cette technique, car chez elles, le muscle sphincter est anatomiquement moins haut que chez les hommes. Par conséquent, cette technique n'est utilisée que parmi un groupe de patients sélectionnés avec soin, et avec l'expertise et la prudence nécessaires.